Le Parisian: ‘Catch & Kill’ Case
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Donald Trump, CNN, le portier et la rumeur de l’enfant caché
Un groupe de presse aurait pu obliger un ex-portier de la Trump Tower au silence, en lui achetant l’exclusivité de ses confidences… sans jamais les publier.
Donald Trump a simplement évoqué, comme souvent, une « fausse nouvelle ». CNN publie ce samedi la preuve qu’un ancien portier de la clinquante Trump Tower avait conclu un contrat d’exclusivité avec un groupe de presse people américain, pour tout raconter d’un supposé enfant illégitime du président avec une ancienne employée de maison. Mais ce contrat pourrait n’être qu’une manœuvre pour faire taire Dino Sajudin.
Pour CNN, Dino Sajudin est désormais libre d’évoquer le contrat qu’il a conclu avec American Media Inc. (AMI), grand groupe de tabloïds, qui publie entre autres les titres « National Enquirer », « Closer » et « US Weekly ».
Selon Me Marc Held, l’actuel avocat de Sajudin, celui-ci avait bien passé un contrat avec AMI le 15 novembre 2015, donnant au groupe de presse l’exclusivité du récit de l’ancien portier du gratte-ciel de 72 étages au cœur de Manhattan, au sommet duquel Donald Trump vivait avant de s’installer à la Maison Blanche.
Le contrat, que CNN a épluché, donne peu de détails sur son objectif, mais il y est écrit : « la source fournira des informations à AMI concernant l’enfant illégitime de Trump ». La rémunération du portier est fixée à 30 000 $, « payables après publication ». Le contrat stipule en outre que « AMI ne devra aucune indemnité à la source si AMI ne publie pas l’exclusivité… »
Une exclusivité « à perpétuité » et une menace d’1 million de dollars de sanction
Un mois plus tard, après un rendez-vous dans un McDonald’s, le contrat est amendé : il dit que Sajudin va recevoir les 30 000 $ dans les cinq jours, et que la « période d’exclusivité définie dans l’accord « est prolongée à perpétuité et n’expire pas ». Si le portier parle à un autre média, il devra alors payer un million à AMI.
En avril dernier, le New Yorker évoquait déjà ce contrat (sans le publier), ainsi que les efforts du National Enquirer pour trouver cet enfant, une fille, et sa mère, dont Dino Sajudin, sous le contrôle d’un détecteur de mensonges, avait donné le nom.
Le journaliste, Ronan Farrow, à l’origine de l’affaire Weinstein, racontait qu’il avait contacté l’ancienne femme de ménage qui avait refusé de lui parler. Dans son article, il s’interrogeait surtout sur le nombre de rumeurs que le clan Trump avait pu tenter d’enterrer pendant la campagne, avec le soutien de David Pecker, le patron d’AMI.
A raison semble-t-il, puisque mardi l’ancien avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen, celui qui a payé Stormy Daniels pour obtenir son silence, a reconnu avoir travaillé avec le groupe AMI pour « acheter » l’exclusivité des confidences de Karen McDougal, une ancienne playmate de Playboy qui affirme avoir eu une liaison avec Donald Trump. Il a été démontré que cette transaction avec le National Enquirer ne visait qu’à enterrer l’affaire, afin de protéger la réputation de Trump pendant la campagne, une tactique qu’on appelle aux Etats-Unis « a catch and kill agreement ». L’accord a été invalidé le 19 avril dernier. Et c’est au mois d’avril que AMI a annulé son contrat avec Dino, sans qu’on sache pourquoi.
D’après Vanity Fair, puis le Wall Street journal et CNN, David Pecker, le patron d’AMI, a accepté de collaborer dans cette enquête contre Donald Trump en échange d’une immunité.